Je croise beaucoup de photographes, sur les expositions, dans les salons et les festivals photo, j’aime ce contact, échanger et partager un moment directement avec l’auteur. Pour Thomas Tourral c’est tout le contraire, j’ai d’abord découvert son travail avec ses cinémagraphes et je continue à suivre son parcours de photographe depuis plus de 3 ans sur l’internet mais je n’ai jamais eu la chance de le croiser.  Alors j’ai voulu en savoir un peu plus sur lui et sur sa façon d’appréhender la photographie de paysage.
Et c’est par le biais de cette interview que je vous laisse découvrir son univers que j’affectionne tout particulièrement.

Cinémagraphe de Thomas Tourral

Cinémagraphe(1) de Thomas Tourral

Les basiques

Depuis quand, et pourquoi la photographie ?

J’ai débuté la photographie durant mes études de graphisme il y a une quinzaine d’années. On nous poussait à découvrir, explorer et utiliser tous types d’outils ou domaines en rapport avec notre futur métier. Je ne sais plus comment ou quand exactement, mais je suis allé naturellement vers la photo car elle me permettait de réunir un peu tout ce qui me faisait aimer le graphisme : la composition, les textures, les jeux de lumières, jouer avec des éléments “graphiques”… Je me suis payé un bridge, un Konica Minolta Z2, et j’ai commencé à prendre un peu tout ce qui me passait sous les yeux !

J’aime beaucoup cette photo pour l’ambiance qu’elle dégage. On dirait une peinture.

J’aime beaucoup cette photo pour l’ambiance qu’elle dégage. On dirait une peinture.

Comment définirais-tu ton style ?

Je crois que je cherche encore un style particulier. J’aime le côté “brut” de la photo, dans le sens “instantanée” et “naturelle”. Le paysage est donc clairement ce que je préfère mais j’aimerai plus tenter de la photo de rue qui se rapproche de ces valeurs.
En ce moment, je fais des essais qui tendent vers le style cinématique : d’abord par l’utilisation quasi systématique du format paysage et, dernièrement, plus du format 2,35:1. Je me penche aussi depuis 3-4 ans vers le cinémagraphe que je trouve assez hypnotisant comme support !

Au col du Galibier un soir d’été. J’aime bien comment les nuages découpent la montagne.

Au col du Galibier un soir d’été. J’aime bien comment les nuages découpent la montagne.

Les lacs Roberts. Un coin que je dois encore explorer.

Les lacs Roberts. Un coin que je dois encore explorer.

Quelle sont tes influences, quel(s) photographe(s) et/ou quel(les) artiste(s) t’inspirent ?

En paysage, si je ne devais en garder qu’un, celui qui m’a clairement inspiré c’est Alexandre Deschaumes. J’ai découvert ses photos sur DeviantArt il y a un bon moment et j’ai toujours été très fan de ce qu’il fait. C’est lui qui m’a donné envie de partir en Islande (en 2012 et cette année).Sinon un peu tout ce qui passe et que je trouve sur le net, les réseaux sociaux et dans tous les domaines (graphisme, archi, design, photo, …). Mon métier m’influence aussi beaucoup et j’essaye de faire intervenir l’un et l’autre dans mes réalisations.

Les aiguilles d’Arves. Il ne manque plus que les petites voix d’anges en fond sonore.

Les aiguilles d’Arves. Il ne manque plus que les petites voix d’anges en fond sonore.

Surement le couché de soleil le plus impressionnant que j’ai vu. Vercors.

Surement le couché de soleil le plus impressionnant que j’ai vu. Vercors.

Dans l’oeil de Thomas

Pourrais-tu nous raconter une ou deux anecdotes que tu as vécu sur le terrain (la/les pire comme la/les meilleurs ?

Je crois que les anecdotes qui me reviennent le mieux à l’esprit sont certains moments vécus en Islande : voir des baleines et des aurores boréales pour la première fois, les couleurs de l’automne et des coucher de soleils interminables en été, des cascades à couper le souffle, se planter en voiture dans un fossé et se faire aider par deux pépés islandais perdus dans le nord de l’île, s’approcher à moins de 2m des phoques, ne croiser personne sur la route et s’ennuyer puis au détour d’un col se retrouver face à un paysage désertique et incroyable…

Ma première aurore boréale, fin septembre 2017 en Islande.

Ma première aurore boréale, fin septembre 2017 en Islande.

La photographie est un long chemin rempli d’envies, parfois il y a des carrefours, aujourd’hui quels est ton envies ?

Pour le moment mes envies sont surtout matérielles ! Mais j’aimerais de plus en plus montrer mon travail. Ça commence à se mettre en place tout doucement et j’espère que ça deviendra plus concret encore avec les années.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu as quelqu’un qui voudrais se lancer dans la photographie ?

Explorer au maximum, ne pas s’enfermer, suivre sans suivre les règles et se faire plaisir.

Quelle photo rêves-tu de faire ?

Je suis très attiré par les photos de paysages hyper “propres” comme celles de Daniel Kordan par exemple. Et en même temps, j’ai toujours l’impression que ce genre de photos sont trop réfléchies, trop “décidées” à l’avance. Je crois que j’aime juste me trouver au bon moment au bon endroit, même si parfois je me sens frustré lorsque je reviens d’une rando sans avoir une photo qui me plaise vraiment.

J’adore les textures sur cette photo. La lumière est douce mais la montagne “brisée”.

J’adore les textures sur cette photo. La lumière est douce mais la montagne “brisée”.

Vue de Belledonne depuis la Chartreuse.

Vue de Belledonne depuis la Chartreuse.

Dis nous en plus sur ton actu, tes expos, ton futur ?

En ce moment je travaille à refaire (une nouvelle fois) mon site. Je crois que je n’arriverai pas à garder un site plus de 2 ans… Des idées d’expositions en Isère également que je dois concrétiser. Mon futur ? Aucune idée pour le moment, on verra quand ça arrivera !

Ton matériel, et quel est ton indispensable ?

Pour le moment je suis équipé d’un Canon 70D avec le seul objectif de ma collection : un Canon 15-85. Même si j’ai essayé plusieurs autres objectifs (50, 17-50, 70-200, fisheye…), je reviens toujours à celui-là. J’aime de moins en moins m’embarrasser de matos lourd à emporter et celui là me permet de faire un peu de tout. Pas très lumineux par contre, mais un très bon piqué et parfait pour le paysage je trouve. J’ai un filtre dégradé Lee également que j’emmène parfois avec moi.
Pour les petites sorties, je ne prends parfois que mon Sony RX100. Une petite merveille ! Et je commence doucement à zieuter vers les hybrides qui me semblent plus que prometteurs ! Je rêve également de m’acheter un drône…

Une citation, un mot, une conclusion à toi de choisir ?

Une citation que j’ai trouvé un jour en farfouillant sur le net et qui me correspond assez bien : J’ai l’esprit casanier et l’instinct voyageur. Je crois qu’elle est de Victor Hugo.

Rencontre au sommet. Il y a un petit côté Milka.

Rencontre au sommet. Il y a un petit côté Milka.

Col de la ponsonnière dans les Cerces. J’aime bien les différences de plans sur cette photo.

Col de la Ponsonnière dans les Cerces. J’aime bien les différences de plans sur cette photo.

(1) Qu’est ce qu’un cinémagraphe :  Ou cinemagraph en anglais est dans la plupart des cas une photographie qui contient un zone animée de manière répétitive ! La plupart du temps le fichier qui contient cette animation est un fichier GIF. Pour résumé un cinémagraphe est à mi-chemin entre la photographie traditionnelle et la vidéo !

Pour aller plus loins et découvrir tout l’univers de Thomas :

Son portfolio : http://www.septmai.fr/
Sur Behance : https://www.behance.net/septmai
Sur Facebook : https://www.facebook.com/septmai/